Haïti et la République Dominicaine partage une île commune. Les relations binationales sont conditionnées par les intérêts politiques de la partie de l’Est. Depuis quelques jours la rivière Massacre est le théâtre de vives tensions. Les habitants de Ouanaminthe tentent de capter une petite partie de l’eau. Le scandale enflamme la toile. La colère des dominicains monte d’un cran. Les ressortissants haïtiens qui vivent sur leur territoire sont violemment réprimé. Les forces de l’ordre utilisent des méthodes qui vont du vol de marchandises à la déportation d’enfants. La frontière est fermée sur l’ordre du président Dominicain Luis Abinader. Cette nouvelle mesure inquiète les commerçants.
A l’origine de la controverse, c’est cette volonté des paysans haïtiens de réduire la dépendance alimentaire vis-à-vis du méchant voisin.
Le captage de l’eau permettra d’irriguer 3000 hectares de terres jusqu’au bas plaine Maribao. Les dominicains ne cachent pas leur ambition de domination. Ils veulent nous faire payer le lourd tribu d’un quart de siècle de gouvernance de l’île entière sous Toussaint et Boyer.
Déjà en 1937, le président Rafael Trujillo avait massacré au moins 20.000 haïtiens…
Ce pan d’histoire participe encore au narratif dominicain : violence institutionnelle et patriotisme économique.
À la stupeur générale , la guerre de l’eau tranche avec le silence des autorités haïtiennes. Le PM Ariel Henry se refugie dans son mutisme. Statu quo à maintenir oblige ?
Par le passé, il y eu des personnages qui ont joué de leur influence pour dénoncer les répressions et maltraitances: l’ex diplomate Edwin Paraison de la fondation Zilé, Service Jésuite aux migrants-Haïti . Très récemment l’ex PM Claude Joseph se faisait passer pour le porte-voix de la cause migratoire. Va-t-il garder sa tête hors de l’eau ?
La rivière Massacre constitue un moteur économique pour la région. La République Dominicaine a déjà fait main basse sur l’or bleu avec 11 prises de captage pour leur système d’irrigation. Ce qui conforte leur avance sur la sécurité alimentaire.
Avec la fermeture de la frontière de Dajabón selon l’humeur de l’oppresseur nécessaire, c’est la chaîne d’approvisionnement en presque tout qui est perturbée: construction, matières premières, plastiques, denrées, médicaments, outils, cosmétiques…
Va-t-on proposer un système alimentaire alternatif ?
Peut-on revoir la politique migratoire d’égal à égal ?
On en n’est pas encore là. Dans 25 ans peut-être…
Avec cette guerre de l’eau qui s’annonce, un fait est avéré :l’irrigation est une urgence que les paysans haïtiens tenaient à résoudre.
Face aux ingérences de l’ennemi utile, la meilleure défense politique c’est l’action.
Vladimir Tony
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